« Rien n’est résolu »

  trois mois après les émeutes urbaines, les maires s’impatientent

En première ligne quand les quartiers brûlaient, les édiles s’inquiètent du silence de l’exécutif

L’impatience le dispute à l’agacement. Le 4 juillet, après les violences urbaines du début de l’été, les maires de plus de 200 communes avaient écouté,

à l’Elysée, Emmanuel ­Macron esquisser des pistes et expliquer que le gouvernement se donnait l’été pour bâtir un plan.

Près de trois mois plus tard, les 21 et 22 septembre, réunis à Angers sous l’égide de leur association d’élus, France urbaine,

les maires des grandes villes s’inquiètent du silence du pouvoir exécutif.

« Non seulement la suite des émeutes n’est pas enterrée, mais elle est au cœur de nos préoccupations », a assuré,

le même jour, Dominique Faure, ministre déléguée chargée des collectivités territoriales, en précisant que le gouvernement travaille sur tous les aspects de la question :

assurances, logement, prévention… Et ce, « afin que ça ne se reproduise plus ».

Mais les élus des métropoles, ceux qui étaient en première ligne lorsque les quartiers brûlaient, n’ont pas tout à fait la même perception des choses.

Le sujet est « oublié », déplore le maire de ­Grenoble, l’écologiste Eric Piolle. « Le gouvernement ne fait que lancer des initiatives pour se donner de l’air, dénonce-t-il.

Le CNR ­[Conseil national de la refondation], il y a un an, les “cent jours” d’Elisabeth Borne, les “soixante jours” d’après les émeutes.

Mais c’est pour faire oublier que rien ne se passe. »

« Rien n’est résolu. Ça couve, les braises sont toujours là », met en garde à son tour Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et premier secrétaire délégué du Parti socialiste.

« S’il se produit demain un nouveau drame, les mêmes causes produiront les mêmes effets, voire pire.

Je suis un peu inquiet »,poursuit-il.

 

Extrait Le Monde du 25 septembre  signature B.F,