Quel changement positif pouvons-nous souhaiter !

 

 

 

 

 

 

Vendredi 13 décembre 2024, jour de chance ? Chamboule tout ? Journée d’un visionnaire ?

La seule question qui ne se pose pas, bon ou mauvais choix ?

Décision forcée, de ces jours, très mouvementés, perdre 36 députés du MODEM sur le socle commun devient mission impossible.

Dans un laps de temps court, celui de l’exercice du Premier ministre François BAYROU,

nous pouvons souhaiter un changement de mode de scrutin, pour enfin accéder à la proportionnelle.

Ce mode d’élection plus adapté à notre temps permettrait des alliances plus pertinentes et des expressions politiques plus identifiées.

C’est notre hypothèse à ENSEMBLE POUR EMERAINVILLE.

Contrairement à nos habitudes, nous vous proposons une revue de presse centrée sur cette nomination rocambolesque.

***********************************************************

La proportionnelle, le combat d’une vie

 

 

 

 

 

Le nouveau Premier ministre milite depuis des années pour l’introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives.

Une promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2017, souvent annoncée, jamais appliquée…

La première fois qu’il a été élu député des Pyrénées-Atlantiques, le 16 mars 1986, François Bayrou a été élu à la proportionnelle,

conduisant une liste d’union avec le RPR. L’homme a 34 ans, voit arriver 35 élus FN à l’Assemblée nationale,

conséquence directe de la volonté du président Mitterrand de modifier le mode de scrutin.

Pour la première fois de l’histoire de la V e République, le président perd sa majorité à l’Assemblée nationale, la cohabitation s’impose.

Toute ressemblance avec l’actualité serait bien évidemment fortuite. François Bayrou, trente- huit ans plus tard, hérite de Matignon sans doute au pire moment.

Une majorité à l’Assemblée ressemble à un temps révolu. L’évocation de son seul nom déclenche des envies de censure aux Insoumis.

Mais le nouveau Premier ministre a quelques cordes à son arc.

Depuis toujours, le maire de Pau défend le retour de la proportionnelle. « J’ai la conviction que nous allons y arriver.

Qu’après tant et tant d’années de combat, tant et tant de difficultés pour faire entendre l’évidence, une fenêtre s’est ouverte

et que nous allons pouvoir trouver une résolution à cette question qui est vitale pour l’avenir de la démocratie française »,

répétait-il en mars dernier lors de son discours de conclusion du congrès du MoDem.

Les portes n’ont, semble-t-il, jamais été aussi ouvertes pour qu’il puisse concrétiser son projet.

Car la proportionnelle peut aussi servir de moyen de négociation avec les partis de l’opposition.

D’autant plus qu’elle fait partie des promesses de campagne d’Emmanuel Macron. En 2017 puis en 2022.

« Si une majorité se dégage pour introduire une part de proportionnelle, oui [je le ferai] », promettait le chef de l’État le 5 mai.

Avec Bayrou à Matignon, elle trouve son plus fervent défenseur au pouvoir.

« Je suis précisément des très rares hommes politiques qui croient que les promesses engagent », aime rappeler le nouveau Premier ministre.

 Ludwig Gallet

 

 

 

Le jour où Bayrou a fait plier Macron

Alors que le président aurait préféré un autre Premier ministre,

le maire de Pau s’est « imposé » à Matignon,

après une matinée houleuse et plusieurs revirements.

Olivier Beaumont, Thomas Soulié et Pauline Théveniaud

 

 

 

 

Depuis combien de temps en rêve-t-il ? Des lustres. À peine nommé Premier ministre, François Bayrou rappelle que sa route vers Matignon fut « un long chemin ».

Faut-il y voir son empressement à savourer le moment. Sans même attendre la passation des pouvoirs avec Michel Barnier,

le président du MoDem assure face aux micros et caméras qu’il est possible de « réunir les gens et non les diviser ».

Ce disant, il cite un président et pas celui attendu. Le chef du MoDem n’a pas un mot pour Emmanuel Macron, mais compare ce jour au 10 mai 1981 de François Mitterrand.

Et de citer une phrase prêtée à l’ex-président socialiste : « Enfin, les ennuis commencent. » Pour François Bayrou.

Comme pour Emmanuel Macron… Après des jours de tergiversations et au terme d’une matinée sous très, très haute tension,

« le chemin » du maire de Pau vers la Rue de Varenne a pris le tour d’un passage en force.

« C’était viril »

8 h 30, ce vendredi matin.

François Bayrou arrive à l’Élysée, à l’invitation d’Emmanuel Macron. Lorsque sa voiture passe l’imposant porche, le maire de Pau

ne sait pas s’il vient pour être nommé ou éconduit. Mais ces dernières heures, ses soutiens sont de plus en plus pessimistes.

À observer la valse-hésitation du chef de l’État jeudi — l’hypothèse Roland Lescure montait en flèche, provoquant une levée de boucliers à droite

et chez une partie de Renaissance —, Bayrou était déjà « furieux », selon plusieurs témoins.

« Il a l’impression qu’on se fout de sa gueule », indique alors l’un d’entre eux.

Et ce sentiment est décuplé en ce vendredi matin, ses partisans pressentant (à juste titre) que Sébastien Lecornu est l’option envisagée.

Sans jamais citer le nom du ministre des Armées ni dévoiler son jeu face au centriste, le président dresse son portrait-robot.

Quelle orientation politique ? Un nouveau chef du gouvernement, mais pour quoi faire ? François Bayrou dit comment il voit les choses, la situation.

« C’était viril mais correct », rapporte un témoin. Au cours de cet échange d’une heure quarante-cinq, le maire de Pau

comprend que l’heureux élu sera Sébastien Lecornu, ex-LR honni au MoDem.

« Je suis venu avec vous pour faire de grandes choses, pas des petites », rétorque-t-il, amer, au chef de l’État.

Dans une colère froide, il annonce prendre acte de leur rupture. « Je vous rappelle », promet le président.

Il est 10 h 15, le patron du MoDem quitte l’Élysée irrité, avec le sentiment que ce ne sera pas lui.

« Le rendez-vous ce matin a tourné à l’humiliation pour Bayrou, raconte une source au fait des tractations de la matinée.

Le président était vraiment dans l’optique de ne pas le nommer. C’est parti très violemment entre les deux.

François était en mode : Retiens-moi ou je fais un malheur. Il a menacé de faire exploser la majorité si ce n’était pas lui. »

Les esprits s’échauffent

Dans les couloirs du pouvoir, les esprits sont en ébullition. « Il aurait nommé Bayrou en 48 heures la semaine dernière, cela n’aurait été un drame pour personne.

Là, il a quand même mis tout le système en hypertension », soupire l’un de ses proches.

Folle matinée, qui s’écoule sur des montagnes russes. Le président échange, encore une fois, avec Roland Lescure, sans jamais lui faire de proposition formelle.

À cette heure, François Bayrou ne donne plus de nouvelles aux siens. Lesquels en déduisent alors que les nouvelles étaient mauvaises.

« Ils sont complètement fous à l’Élysée, ça va péter entre eux et nous. Il y a vraiment un sujet de confiance », s’échauffe alors un élu MoDem.

Manière de sous-entendre que le groupe des 36 députés MoDem pourrait aussi sortir du « socle commun » et rendre la vie impossible à Emmanuel Macron.

Chez François Bayrou, le sentiment d’humiliation est d’autant plus fort qu’il s’est toujours considéré comme le « faiseur » d’Emmanuel Macron.

Celui qui s’est retiré de la campagne présidentielle en 2017 au profit du jeune candidat. En somme, c’est grâce à lui qu’il est devenu président.

« J’avais défriché le terrain, arraché les vieilles souches, préparé la terre, planté et taillé la vigne… et au moment de la vendange, voilà ce jeune homme qui arrive »,

répétait-il lors du précédent quinquennat du chef de l’État à la plus grande exaspération des Marcheurs de la première heure.

Quel contraste avec la confiance et la joie affichées, les jours précédents, dans le camp du centriste.

« Je suis le plus grand dénominateur pour discuter avec la gauche et avec la droite », avait estimé Bayrou cette semaine, devant des parlementaires.

Retour à l’Élysée à 11 h 30

Lucide, aussi, sur les réserves du chef de l’État, dont l’entourage confiait ces jours-ci chercher un « animateur »…

Comprendre, une personnalité plus effacée, dont le rôle aurait plutôt été de mettre de l’huile dans les rouages d’un gouvernement composé de fortes personnalités.

« Il ne me nommera jamais, si ce n’est pas dans des circonstances exceptionnelles » devisait le maire de Pau devant des proches il y a six mois.

C’est désormais la douche froide. « La situation est tellement folle… », lâche l’un de ses soutiens, écœuré.

Nul ne le sait alors, mais au milieu de la matinée se joue un spectaculaire retournement de situation.

Emmanuel Macron rappelle François Bayrou pour lui dire de revenir au palais à 11 h 30.

Cette fois, l’entretien est moins électrique : le président nomme son premier allié chef du gouvernement.

« Il s’est imposé comme la personnalité la plus consensuelle et rassembleuse », explique-t-on après coup à l’Élysée.

Les mots ne sont pas choisis au hasard : François Bayrou s’est donc « imposé ».

Au forceps, face à la levée de boucliers de Nicolas Sarkozy et d’une partie de la droite, face aux herses dressées par les socialistes.

Et face aux réticences du président, donc. De fait, tous ont en tête les récurrentes ruades du centriste, notamment contre la récente réforme des retraites.

« Je pense que Macron n’arrive pas à se résoudre à nommer Bayrou, qui a du caractère », souriait d’ailleurs un fin connaisseur des arcanes du pouvoir, jeudi.

Mais François Bayrou se retrouve donc sur le perron de Matignon, à la nuit tombée, en fin d’après-midi, ce vendredi.

Alors que Michel Barnier lui passe le relais, le centriste promet de « faire court ». Il prend finalement son temps.

Face à toute la famille MoDem massée dans un froid glacial, il dit « ne rien ignorer de l’Himalaya » qui l’attend.

Durant les quinze minutes de monologue, il ne remercie pas le président.

Un oubli ? Il ne semble pas avoir inscrit « saluer Macron » sur la petite fiche qu’il tient dans sa main.

Cette folle matinée aura à coup sûr laissé des traces entre le président et son nouveau Premier ministre.

« La thèse Macron cède au chantage, je n’y crois pas. Le président, plus vous essayez de l’acculer, plus il vous fait un bras d’honneur.

Et si Bayrou est emporté, il reste respectueux des institutions », contre un intime du chef de l’État. Mais tout de même.

Un autre alerte : « C’est dangereux pour Macron. L’entrée en matière de Bayrou, c’est quand même celle d’un homme

qui n’était visiblement pas le choix naturel du président. » 

 

 

 

Pourquoi François Bayrou se prend pour Henri IV

Le nouveau Premier ministre s’est réjoui d’avoir été nommé le jour anniversaire de la naissance du roi de France

auquel il voue un culte personnel.

Mais gare aux limites de l’identification…

Comment les médias, ces ignorants, ont-ils pu douter un seul instant de la nomination de François Bayrou à Matignon ?

 

 

 

Ce 13 décembre, le commissaire au Plan avait rendez-vous avec l’Histoire. 471 ans jour pour jour après la naissance de Henri de Navarre

qui régna sur le royaume de France de 1589 à 1610, son étoile béarnaise était alignée avec la planète Mercure.

En cette date anniversaire, le « bon roi » de la poule au pot et de l’édit de Nantes ne pouvait que se réincarner en François.

Pour que soit sauvée la France !

> François Bayrou à Matignon, suivez notre direct

Ô Henri IV ! A la porte du commissariat au Plan où l’attendaient une meute de journalistes, François Bayrou a d’emblée eu une pensée pour le premier des Bourbon.

« Tout le monde se dit qu’il y a un chemin à trouver qui réunisse les gens au lieu de les diviser. Je pense que la réconciliation est nécessaire.

Et ça tombe bien parce que c’est aujourd’hui l’anniversaire de la naissance de Henri IV. »

On ne saurait être plus clair : face à la tâche immense qui l’attend – doter la République française d’un budget pour l’année 2025

– l’ancien ministre de l’Education nationale se place sous l’ombre tutélaire du monarque qui parvint, au XVI? siècle, à apaiser les huit guerres de religions

– catholiques contre protestants – qui déchirèrent le pays de 1562 à 1598 et provoquèrent la mort de 2 millions de personnes victimes de violences, de famine ou de maladies…

Béarnais, maire de Pau depuis dix ans, François Bayrou voue un culte personnel au Palois Henri de Bourbon,

qui hérita de la couronne et sut se détacher de son éducation protestante pour devenir un roi catholique pour rétablir la paix

– son édit de Nantes (1598) accorda la liberté de conscience et de culte aux protestants – et restaurer le royaume

afin que chaque laboureur ait une poule à mettre dans son pot.

Nommé à Matignon, le Pyrénéen Bayrou peut-il franchir l’Everest ?

Auteur de plusieurs ouvrages hagiographiques, l’agrégé de lettres François Bayrou a fait de ce « roi libre » son idéal politique.

« A mes yeux, c’est la figure historique française la plus attachante des cinq derniers siècles : il est l’un des seuls

– comme de Gaulle ou Napoléon dans d’autres circonstances – à avoir non pas suivi mais renversé le cours de l’Histoire »,

a-t-il naguère déclaré dans une interview au « Nouvel Observateur » en 2010.

« Son règne d’une douzaine d’années est, selon moi, un modèle »

Au point de se prendre pour le « bon roi Henri » ? « Son règne d’une douzaine d’années est, selon moi, un modèle, nous disait-il encore.

Restauration des finances, grands travaux de modernisation, politique d’éducation, attention portée à la condition du peuple, « la poule au pot »,

attachement à la production artisanale et agricole, le fameux « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France »

de son fidèle gouvernant Sully, et « grand dessein » européen.

Toutes ces orientations, quatre siècles après, n’ont rien perdu de leur actualité. » Il y a transfert, dirait un psy.

L’identification n’est pas sans risque.

Chacun se souvient de la fin tragique de Henri IV qui périt sous les coups de poignards de l’ultra-catholique Ravaillac.

Un régicide ! A l’instar de son modèle couronné, François Bayrou doit se prémunir contre une motion de censure assassine.

Paris demeure un coupe-gorge. Les insoumis de Mélenchon ont juré sa perte. La ligue de Madame Le Pen attend son heure.

Et les socialistes d’Olivier Faure ont rabattu le bord de leurs grands chapeaux à plume… D’où surgiront les spadassins ? 

par  Le Nouvel Obs