Le bottage en touche, discipline très pratiqué à EMERAINVILLE
Discrimination, non ! vous n’y pensez pas, cela c’est pourtant bien passé à EMERAINVILLE, il y a juste quelques jours !
Regardez cette vidéo diffusée par le journal Médiapart
Déjà lors du conseil municipal, un bottage en touche magistral avait été fait par le DGS.
ICI cliqué sur le lien Vidéo Médiapart
Le texte du journal Médiapart,
À Emerainville, Camille Martin peut louer une salle municipale, mais pas
Abdoulaye Sidibé
Un habitant noir d’un quartier défavorisé s’est vu refuser par deux fois la réservation d’une salle municipale
dans cette commune de Seine-et-Marne. Sous une autre identité, sa demande a été acceptée immédiatement.
Pour les habitants, l’incident illustre la discrimination dont ils sont victimes de la part de la mairie.
Emerainville (Seine-et-Marne). – La salle des fêtes de l’espace François-Villon mériterait un bon coup de
peinture. Mais la pièce a le mérite d’être plus grande que le salon d’Abdoulaye Sidibé, cet habitant du Clos
d’Emery à Emerainville qui cherchait un lieu pour célébrer le baptême de son fils.
Le 20 novembre 2024, il utilise le formulaire officiel de la municipalité de cette commune de Seine-et-Marne et
demande à louer une première salle. Elle n’est « plus disponible », lui répond un agent municipal, Philémon*.
Abdoulaye Sidibé demande alors la salle Villon, plus petite, mais qui peut convenir pour l’occasion. Dans un autre mail
que Médiapart a consulté, l’agent répond que « la salle Villon n’est plus disponible non plus ».
Pour en avoir le cœur net, Abdoulaye Sidibé se déplace au centre dépendant de la municipalité et obtient
confirmation orale de l’agent que la salle n’est pas disponible jusqu’à la fin de l’année. « J’ai des réservations jusqu’à
février, même ! », l’entend-on dire sur un enregistrement d’Abdoulaye, écouté par Médiapart.
Pris d’un doute, l’Emerainvillois rentre chez lui et effectue une nouvelle demande de réservation en ligne, pour le
même week-end. Cette fois, il réserve la salle Villon au nom de Camille Martin. La réservation est acceptée. L’homme
est sous le choc. « Ça fait mal, explique-t-il quelques jours plus tard à Médiapart. Je me suis senti exclu, je me suis
senti… différent. On vit ici depuis qu’on est né. Pourquoi avoir pris cette décision ; c’est juste parce que je suis un Sidibé,
un Noir ? »
Il retourne, avec ses proches, confronter l’agent municipal. Philémon contacte son supérieur, qui appelle aussi les
forces de l’ordre. Les explications se font dans le calme et l’agent municipal finit par admettre, devant tout ce petit
groupe, qu’il a « eu des consignes » de « ne pas louer aux gens du quartier ».
Une autre famille, qui avait loué la salle deux semaines plus tôt, aurait commis des dégradations. Quel lien avec la
famille Sidibé ? Aucun, à part leur nom, qui laisse transparaître leurs origines maliennes et sénégalaises. Médiapart a
rencontré ladite famille, qui relate avoir laissé la salle parfaitement propre. La mairie avait prélevé 200 euros sur les
1 200 euros de leur caution, mais aurait récemment rétropédalé et promis de leur rendre.
Contacté par Médiapart, l’agent municipal n’est pas revenu vers nous. Le maire n’a pas non plus répondu à nos
questions.
Le maire admet un problème
Ayant les preuves tangibles d’une décision discriminatoire, Abdoulaye Sidibé et ses proches demandent alors à être
reçus par le maire, Alain Kelyor. Un rendez-vous est organisé dès le lendemain avec de nombreux protagonistes de la
municipalité, mais pas l’agent Philémon.
La famille accusée d’avoir dégradé la salle précédemment est aussi là, tout comme Ourry Diabira, représentante de
l’association De mon cœur à ma rue, qui tente de maintenir du lien social entre le quartier du Clos d’Emery et le reste
d’Emerainville depuis des décennies. « Nous, on veut travailler avec le maire, c’est lui qui ne veut pas travailler avec
nous », témoigne-t-elle auprès de Médiapart.
Du bout de la table, Alain Kelyor, qui se décrit plusieurs fois comme « le Grand Chef suprême » de la mairie, réfute être
à l’origine du refus de location. « Ça ne vient pas du pouvoir municipal, point », assure-t-il. Ça ne correspond pas à ma
méthode de pensée, ce n’est pas ce que j’aurais fait. »
Après avoir d’abord prétexté un « bug » à cause d’un « problème de temporalité », il reconnaît que « des conneries ont
été faites » et rejette la faute sur l’employé de mairie qui aurait pris, seul, cette décision. Le maire assure l’avoir
réprimandé.
« Les décisions municipales n’ont jamais été teintées de racisme. Dans ma bande, j’ai quand même
quelques personnes foncées. »
Alain Kelyor, maire d’Emerainville depuis 1995
Adama D., réalisateur et porte-parole de l’association De mon cœur à ma rue, lui signale qu’il s’agit de discrimination,
voire de « ciblage ethnique ». Le maire répond : « C’est ça, c’est tout ce que vous voulez, et c’est à la mode. Accuser les
gens à chaque fois de discrimination raciale, c’est facile, ce n’est pas le cas ici. »
Puis enchaîne : « Si vous me considérez toujours comme un affreux raciste, forcément, on n’arrivera pas à s’arranger. Les
décisions municipales n’ont jamais été teintées de racisme. Dans ma bande, j’ai quand même quelques personnes
foncées. » L’assistance fait les gros yeux, certains s’indignent.
Il faut dire que les relations sont tendues entre les habitants et Alain Kelyor, réélu sans discontinuer depuis 1995 sous
la bannière RPR, puis Les Républicains et enfin Renaissance, le parti présidentiel. Dès le début de son mandat, une
politique répressive a été menée au Clos d’Emery, à quelques centaines de mètres de la gare RER, qui permet de
rejoindre Paris en quarante minutes.
Un quartier stigmatisé depuis trente ans
Les habitant·es parlent encore de l’opération policière de grande envergure qui avait marqué le quartier en 1996. On
se souvient aussi de ce communiqué au début des années 2000, où le maire a qualifié le quartier de « furoncle »,
assurant aussi que « si vous êtes africain et polygame, vous pouvez à loisir pratiquer cette forme d’union pourtant
interdite dans notre pays et obtenir tous les avantages sociaux correspondants ».
SOS Racisme a porté plainte en 2005 après que le maire avait fait distribuer aux habitants une lettre dans laquelle il
affirmait : « Nous ne pouvons pas être la poubelle de la Seine-et-Marne », après l’arrivée d’une centaine de personnes
de gens du voyage.
C’est à cette époque qu’Ourry Diabira a cofondé l’association De mon cœur à ma rue. « Cette association nous permet
de nous structurer, d’organiser des fêtes, de sortir les petits », décrit M., un habitant qui essaie d’organiser une fête
annuelle dans la rue principale. Il déplore qu’Emerainville soit devenue une « ville dortoir » où la mairie refuserait
d’approcher le quartier surnommé le « Bronx » par ses habitant·es. Il assure avoir proposé à Alain Kelyor de venir aux
fêtes du quartier : « Moi, je suis avec lui. On l’invite, mais ça ne marche pas. Qu’est-ce qu’il faut faire ? »
La réaction en face se situe même complètement à l’opposé. Alain Kelyor, pour qui le clos d’Emery est un « îlot
africain », multiplie les publications enflammées sur son compte Facebook. La fête organisée ? Une « fête religieuse,
dans une rue aux couleurs du Mali », assure-t-il.
Sur son blog personnel, il ne fait pas non plus secret de ses positions, comme ici en 2023, dans un billet intitulé « Le
racisme » : « Par un raisonnement pervers, la gauche française traite de raciste toute personne qui demande aux
étrangers vivant sur notre territoire et à leurs enfants devenus très souvent Français de respecter nos lois, nos coutumes,
notre mode de vie. Il me semble pour ma part qu’il s’agit d’un minimum […]. Il est désormais évident que des mesures
drastiques s’imposent afin que notre pays n’entre pas en guerre civile et que des Français moyens ne s’organisent pas en
comité de défense afin de protéger leur famille et leurs biens. »
Alain Kelyor n’a pas répondu à notre demande d’entretien.
Le 30 novembre, Abdoulaye Sidibé a porté plainte pour discrimination. « Moi, j’essaie d’éduquer mes enfants en leur
disant qu’on est tous pareils, qu’il faut respecter la police, les profs, les adultes. On essaie d’inculquer ça à nos enfants, et
derrière, on subit ces choses. Comment leur expliquer ? », confie-t-il à Médiapart.
Pour la communauté du Clos d’Emery, il est important de ne plus rien laisser passer. « Si on reste silencieux, c’est les
autres qui vont raconter notre histoire, nous explique Adama D. La justice, ça ne se négocie pas. Il faut qu’on soit
intransigeants. Il faut le mettre devant leur nez. C’est un petit quartier qui cristallise de grands problèmes. On est obligés
de porter ces choses-là, pour que ça puisse faire écho dans la société. »
Vous avez tous compris, après le bottage en touche, le déni est essentiel pour paraitre hors de cause.
Aucun employé de mairie ne prend d’initiative, ou ne contredit le responsable de l’espace Saint Exupéry, sans prendre le risque d’être immédiatement sous contraintes !
Plus de la moitié des élus municipaux savent très bien qu’il faut se taire face au maire, le seul droit à la parole est satisfait pour l’adoration du tout puissant.
Les opposants politiques sont traités de tous les noms quand ils expriment une autre pensée que celle du CHEF !!