Analyse nécessaire EELV Emmanuelle Cosse

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La formation écologiste se réunit ce week-end en conseil fédéral. Affaibli par des élections régionales catastrophiques et des dissensions internes, EELV veut dépasser le clivage entre les pro
et anti-gouvernement.

 

Les partis politiques ne sont pas immortels, l’histoire de la Cinquième république en atteste. Affaibli par une hémorragie de cadres et des élections régionales catastrophiques, EELV connaît la plus grave crise depuis sa création il y a six ans. Le parti s’est réuni ce samedi en conseil fédéral pour faire le bilan de l’année écoulée et « poser les bases d’une nouvelle construction commune » afin d’éviter la disparition.

Que reste-t-il du grand mouvement citoyen lancé à l’occasion des élections européennes de 2009 et qui mordait les mollets du grand frère socialiste? Pas grand chose. Avec 6,81% des voix aux dernières régionales, le parti écologiste n’a obtenu que 66 élus territoriaux, contre 265 en 2010.

« Notre stratégie électorale a été illisible et nous l’avons payé », a reconnu mercredi Emmanuelle Cosse dans un entretien à l’Obs. En décembre, EELV s’est allié à la gauche radicale dans quatre régions et a mené des listes autonomes dans les autres. Partout, l’échec a été presque le même. La patronne d’EELV juge sévèrement ces alliances avec la gauche de la gauche, déclarant que « l’opposition de gauche est une impasse ».

Divisions internes

Cette absence de clarté témoigne d’une crise d’identité profonde. En 2015, plusieurs cadres, comme Jean-Vincent Placé ou François De Rugy, ont quitté EELV, suspectée de « dérive gauchiste » depuis le départ des Verts du gouvernement, en 2014.

Emmanuelle Cosse réfute pourtant le spectre d’un tel schisme. « Nous sommes tombés dans le piège qui nous était tendu: un front entre pro-gouvernement et anti-gouvernement », a-t-elle déclaré ce samedi. Rappelant être « avant tout écologiste », elle a regretté qu’EELV ait été ballotté entre « la social-démocratie » et « l’opposition de gauche ». « Cela nous a empêché d’être lisible et nous a éloignés de la défense de notre projet de société », en réduisant le discours à « un langage tactique ».

Problème financier

« François Hollande voulait créer l’idée qu »entre Mélenchon et lui, il n’y a rien », a dénoncé ce samedi le numéro 2 d’EELV David Cormand. « Si nous intériorisons ce paysage politique, il n’y aura pas d’espace pour nous, il faut qu’on soit à la fois inventifs et en capacité d’affirmer l’écologie politique, sans épouser le paysage politique que veut nous imposer le PS », a-t-il poursuivi.

Le congrès du parti où ses instances seront renouvelées est prévu le 11 juin. EELV a donc six mois pour panser ses plaies. D’ici là, le parti doit régler un problème financier. Les comptes du parti ont été plombés par les mauvais résultats électoraux successifs. Pour remonter la pente, le parti entend se séparer d’un tiers environ de sa masse salariale au niveau national et prévoit des économies en région. Le siège du parti a enfin été mis en vente.